Thursday, August 13, 2009

Sans coeur !






Morts dans le sang
séchés par le temps
révélés par le vent,
vos os se meurent
témoins hurlant
au fond d'une urne de ciment, avec dedans,
des bâtons d'encens se consumant.

Vos cris étouffés par les baillons
sont désormais étouffés par les fenêtres du pavillon
qui contient vos restes, vos familles, vos âmes, regroupés par âge, sans nom.

Horreurs, atrocités dont nous avons été épargnées
par notre monde aseptisé aux malheurs des autres sociétés.

Quelle tristesse, quelle sympathie
pour ces horreurs qui maintenant me pourchassent
et jouent avec les dédales où souhaite se cacher mon esprit.
Lui qui loin de la protection de la télévision ne sait plus où il s'enfuit.

Loin des cris, loin des bruits, réels ici
contrairement à l'image froide et distante,
comme un film, bombardée, incessante,
à longueur de journée.

La réalité poignante nous martèle,
comme la pluie. Le génocide nous interpelle
dans nos trippes, dans nos valeurs.
Comment a-t-on pu perpétrer telles horreurs.
L'homme et sa grandeur me donnent mal au coeur.

J'ai honte, j'ai peur
que de nouveau nous tolérions le malheur
pensant protéger nos idéaux
dictés par nos « ego »
un peu trop gros.

SB
E: 12 novembre 2002

Sunday, August 9, 2009

Nam Mae Khong





Fleuve puissant, il déplace continuellement son lit
Lourd de sédiments qu’il arrache ça et là.
Il peut accoucher, au détour d’une baisse des eaux,
D’une immense dune de sable fin.

Les habitants de son rivage, cependant,
Sont souvent chassés par les éboulis,
Forcés de se déplacer ou de reconstruire leurs maisons englouties.

Les grands arbres non plus ne sont pas à l’abri.
Gisant ça et là, leurs hautes branches, seules, pointent vers le ciel,
Suppliant le passant de les tirer des fonds mouvants du fleuve.

Voie d’eau, fleuve,
Route dans le continent qu’empruntaient les marchands
Et les conquérants.
Il est maintenant utilisé par les habitants
Et les nouveaux arrivants.

Nourricier, Prince des ventres affamés,
Tu donnes généreusement de tes produits
à ceux qui veulent bien se mouiller sur tes berges.

Roi de ces lieux, tu dictes, tu imposes.
Les vivants sur tes berges s’adaptent à tes humeurs, tes édits royaux.

Six pays issus d’une histoire grandissent sur tes rives.
De tes champs poussent des paysans,
Des gens, des enfants et des chants.

Quelques rochers subsisteront
Au milieu de rapides que tu auras tracé.
Une multitude d’histoires te raconteront.
Des peuples puis des civilisations apparaîtront.
Toi, longtemps après qu’ils se soient tus,
Tu poursuivras ta sinueuse route
Toujours bien en selle, toujours invaincu,
Toujours sans rivaux.

Sois patient.
Ces hommes sans respect qui te polluent
Ne seront qu’un souffle dans ta vie.
Tu auras tôt fait de les oublier

Sébastien
E: 26-09-2002