Monday, December 27, 2010

Domaine

Frustré est le maître d'un domaine
qui n'en marche que les prairies,
craignant ses forêts profondes
et le son des cailloux déboulant
les parois escarpées du ravin.

2010-09-29

Friday, November 26, 2010

Amitié

Je souris, le regard fixe sur la rue, dehors, sur les passants du trottoir, tout près, sur le temps qui passe, surtout.  Que pensent-ils? Où vont-ils? Et l'amitié eux? Mon doigt glisse, sur la tasse à café, la déplaçant, au gré des vas et viens de mes pensées. La poignée tourne, l'aiguille tourne aussi, au son des secondes qui tombent sur le monticule dans le sablier. La mousse est séchée sur le bord de la tasse. Le sucre au fond se baigne dans une mare de crème au café. C'est moi, je sais, qui ne respecte pas cette boisson des rencontres heureuses et des discussions sans fin en compagnie. Et ces passants, que pensent-ils de l'amitié ? Et Joseph, lui, seul sur le coin du La Baie, à chercher cette amitié dans le regard de chaque quidam, la pitié surtout. La napkin est collée dans le cerne de café. La mousse et le sucre sont collés sur le bâtonnet brun. Les tasses se bousculent au bord du vide, du gouffre, de la fin du monde de la table. La discussion a probablement été longue? Non! Du bon temps? Non plus! Et ce sourire? C'est pour ne pas pleurer. Qui ? Celle qui n'est pas venue, cette amie d'une vie passée. Appelle-là? Elle ne le sait pas; elle n'aurait donc pas pu y être; elle ne le saura pas non plus. En venant ici en quête d'inspiration j'ai ouvert mes mémoires et elles se sont étalées sur moi comme les empilements poussés dans le haut un placard trop petit. Dans mes yeux il pleut dehors. Un instant le temps est gris. Le temps de remettre un ordre dans mes souvenirs. De ranger le tout, de pousser un peu alors que j'essaie de refermer la porte qui grince et gémit. Jusqu'à la prochaine fois, où j'aurai le goût de toi mon amie. Où j'aurai besoin de te parler afin de t'expliquer où ma vie s'en va, en quelques mots, que toi tu comprendras. Et comment je marche sur la route de celle-ci. Mais je t'implore une autre dernière fois, avant de te ranger tout la haut pour une étincelle d'éternité, laisse-moi t'étreindre et ensemble disons merde au vieux dicton.

SB
E:31-10-2004
R:26-11-2010

Wednesday, November 17, 2010

Église

Roumanie:



Hier dimanche tout était fermé. Retour sur image ou retour dans le temps. L'appel à la prière, orthodoxe, nous a accompagné hier lors de notre courte excursion en ville. Au coeur d'Oradea, sur la Piata Unirii, les églises se bousculent. Faux, les célébrants se bousculent pour une place dans l'une d'elles. Choc religieux, images de Pologne à Pâques... La vie s'arrête ici le dimanche. Pour jeunes et vieux le temps est à la réflexion, la prière, dans l'un de ces nombreux temples. On prie ici parce que tout le monde prie? Ou tout le monde prie parce qu'ici on prie? L'essence c'est que parmi les fidèles debout ou à genoux je vois des visages ailleurs, des visages sur une jambe, blasés qui vont à la messe sans raison plutôt que de faire de la contestation. Rares doivent être ceux qui, contre le courant des gens normaux, restent chez eux. N'empêche que les blasés sont minoritaires. Elles sont pleines ces églises de gens qui croient. Et bourdonnent tout autour les croyants n'ayant pu trouver un siège sur les grands bancs et qui religieusement assistent à la messe des haut-parleurs tonitruant au grand vent. Dans pareil contexte j'irais probablement, sur une jambe moi aussi, à la messe du dimanche.

C'est une surprise pour nous. Nous ne nous attendions pas à ça. Des jeunes qui se signent en entrant dans l'église et qui s'agenouillent respectueusement devant l'autel. Cette ferveur que nous ne connaissons plus dégage une telle énergie que s'en est apaisant. Rien à voir avec Varanasi en Inde mais quand même. Pour nos paradigmes nord-américains c'est une surprise. Une autre que l'on doit mettre sur le compte de la différence ou plutôt sur celui de notre ignorance? Mais pourquoi peint-on le monde que l'on ne connait pas de couleurs familières plutôt que de laisser blanc ce terrain non découvert?

SB
2 juin 2003 - Oradea

Note : Il y avait aussi, disséminées un peu partout en Europe de l'Est mais surtout en Roumanie, des églises ouvertes, accessibles, des lieux de prières, de silence. On pouvait y entrer quand notre bon vouloir nous y guidait ou lorsque l'on voulait un peu de quiétude, de fraicheur. Une grille décorative limitait l'accès au lieu de cultes et aux trésors religieux, mais les bancs et les effluves d'encens nous invitaient à nous asseoir. C'est si simple pourtant.

Note 2: C'est en Pologne que l'on a croisé des groupes de jeunes prêtres en soutane, tout sourire, sur la rue et des groupes de religieuses.

Tuesday, September 21, 2010

Capitalisme et Communisme

Capitalisme et Communisme
nous tueront tous ainsi que la Terre,
l'Homme étant cupide et paresseux.


SB
E: 8 septembre 2010

Thursday, September 16, 2010

Live

Live your life
the way you can deal
with the consequences
of it.

SB
E: 24 septembre 2000.

Saturday, September 11, 2010

White // Noir

White // Noir

White :
Page blanche tu m’ennuies,
ton éclat m’éblouit,
peur du vide, altitude,
mes idées éclipsées
par les rayons réflétés.
Tu opprimes ma solitude
qui ne trouve à s’exprimer.

Noir :
Black ink
Black thoughts
Black words
Short sentences of hate
Depraved of fate
Scribbled, mingled
Mind on paper, confused
Strong ideas pressured like ink
Thrown under the ball of a heavy mind.

SB.

E:10 décembre 2002
R: 30 août 2010

Monday, September 6, 2010

Guerre



Des pleurs
De la douleur,
Peu importe la couleur
Du drapeau
Ou de la peau.

SB
E: 5 novembre 2002
- " War remnants museum " -
Ho Chi Minh City. -

Tuesday, August 31, 2010

Tourisme à Hoi An



Il pleut doucement
Une journée à Hoi An
Parfaite pour regarder le temps
Qui s'écoule, qui s'envole, passant
M'effritant, me consumant au fil des ans.

Assis en face de la Thu Bon river où les bateaux tanguent doucement, les passant vêtus de leurs imperméables transparents, multicolores, déambulent lentement. …au gré de la pluie qui glisse en fines goutelettes du haut de leur chapeau de paille conique, du haut de leurs épaules jusqu'au bas de leurs pieds nus, de leurs sandales souillées.

Le silence est interrompu par le battement régulier de la pluie sur la rue tout juste en face de nos pieds. La rue nous offre, elle aussi, des moments vibrant de mélodies peu communes. Les crics cracs des vélos passant en sifflant sourdemment de leurs pneus étroits sur le pavé mouillé et les motos pétaradant doucement, annoncant leur venue. Il n'y a pas de klaxons ce matin, enfin! C'est pour cela que je trouve tout si paisible et reposant ;-)

Les habitants se sont pour la plupart réfugiés chez eux. Les touristes se sont réfugiés dans leur chambre d'hôtel climatisée ou dans ces bars tonitruants offrant peu de dépaysement. Je ne veux pas être étiqueté touriste même si aux yeux de la majorité j'en suis un. Je veux être un gourmet des styles de vie, un botaniste des gens du monde, un anthropologue des arts culinaires. Un admirateur devant une grande toile vivante qui ne demande qu'à entrer dedans à la première occasion. Mais pas un simple touriste en quête d'exotisme. Je veux comprendre. C'est plus, c'est mieux, c'est difficile!

Sens la bruine sur tes feuilles, sur tes mains alors que se lève la brise.
Apprécie ces secondes qui s'écoulent lentement, portées par les gouttes de pluie. Elles tombent maintenant avec fracas dans une chaudière de métal qui recueille le trop plein d'un toit de toile agé.

SB

E:1er novembre 2002

Tuesday, August 24, 2010

Si Hanoï était une femme

Si Hanoï était une femme,
elle serait grande et élancée,
mince comme ses rues étroites
qui s'entrecroisent commes des jambes,
infinies.

Elle serait belle et mystique
comme les pagodes antiques
sombres et inaccessibles,
serties au centre du lac Hoan Kiem.

Elle se déplacerait avec grâce
parmi la jungle urbaine,
insensible aux bruits, aux passants,
au traffic et aux marchands.

Elle serait invitante, insistante et disponible
comme les vendeurs qui se jettent sur nous
au détour de chaque coin de rue.

Elle aurait de longs poils noirs sous les bras,
surprenant l'étranger qui la déshabille,
tout comme nous surprennent
les boutiques et magasins du moyen âge
cotoyant, sans fini, les boutiques de notre âge

Si Hanoi était une femme,
elle aurait les dents noircies
par l'insouciance de ses habitants
et l'haleine putride des déchets jettés à ses pieds,
à la rue.
Elle serait vêtue d'un flamboyant costume traditionnel,
blanc, un peu transparent,
nous permettant de voir juste un peu...
comme ce que nous touristes pensons connaître de cet univers.

SB
E:15 octobre 2002

Tuesday, July 20, 2010

Edge

If you're not living on the edge,
you're taking too much space (1).
So said the cigar and the man who smoked it.
Right up there, looking down the rift in the cliff
between sky and depth surrounded by loneliness
warm, bathing in a "contre-jour" of light
peeping through a hole against a grey sky.

His friend, the high mountain wind
gently touching his arm, his back, his neck
carrying Montecristo's fumes in a straight line,
thick, bold, though frail as life.

Hesitates.
Feeling more pressure would make him fall
it shows it cares by tipping edelweiss' head
at which he stares.

One of those piece of time
to frame and remember.

SB

E:30-12-2008

(1) quoted from an anonymous author.

Thursday, July 15, 2010

Apsara









Au sein de l'Apsara voluptueuse,
la Mort aux joues creuses
assoifée, de ma vie.

SB
E: 15 juillet 2010









Friday, June 18, 2010

Le Clown Version courte / Version longue

Version courte

Who cheers up
the clown?


Version longue

Un ressort dans le cul,
la face coinçée entre les genoux,
le dos pressé par la tôle froide,
la poussière en boules sur la boîte,
dans les combles oubliés du grenier,
de la maison aux volets brisés,
à la peinture écaillée,
aux carreaux de roches traversés,
sise dans le champs de chiendent,
plantés dans la boue, mouillés par la pluie,
sous les gris nuages bas.

Who cheers up
the clown?

SB

E: 3 juin 2010

Saturday, June 12, 2010

La chanson du vendeur






La chanson du vendeur,
Nous la connaissons par cœur.
Entrez, regardez, c’est pas cher, c’est gratuit!
Assoyez-vous, soyez à l’aise mes amis.
Regardez ce que j’ai pour vous, pour la vie.
Vous voulez un « chai », un petit biscuit?
À savourer ensemble, dans ma boutique, juste ici.
J’ai les plus beaux, les meilleurs prix.
Un rabais pour mes premiers clients, le voici.
Achetez, dépensez si vous aimez, je vous en prie.
Ne quitte pas mon frère, tu me causes du souci.
Ne t’en vas pas j’ai une pauvre vie, meurtrie.
Je te le laisse à ton prix, ce que tu me dis, choisi.
Mon maître, tu m’arraches le cœur, je pleure sans merci.
Tu achètes ma camelote à 3 fois le prix toi aussi.
Étranger, je t’ai bien eu, hi hi.

SB





E:24 janvier 2003 - Jaisalmer 

... un autre de la série des poèmes "théatre d'été"  ;-)

Tuesday, June 1, 2010

Hold your breath



Montréal,
nuit sans lune et sans étoile.
Plafond bas, laiteux, des lumières de la ville.
Brumeux
Boules blanches sur leurs tiges, métronomes.
Facades hors champs, vues du boulevard à 5 voies.
Du Parc, Mont-Royal

L'énergie du beat pompe l'accélérateur
Boom car,
Daft Punk, Da Funk
Voiture rouge feu,
beat rouge sang,
le feu, rouge vif.
Le calme,
l'attente.
Grand Prix
Fébrile
Concentré

Le feu, vert lime
Première.
Rugit
La côte
Du Parc
Deuxième,
la voiture
devant
lente.
Le chauffard
le dépasser
sans souffler
miroir
angle mort
miroir
ouf!
tout juste
trop près
AC/DC, Thunderstruck!
Les halogènes
coupées
derrière...
frustrées
troisième.
La côte
plonge
sur la ville
la Grande
les tours
fantômes blancs.
Les halogènes,
si près,
à côté,
dépassé.
Doppler! F1
c'est la revanche,
c'est le signal,
c'est la course!
Quatrième,
gronde
la courbe
3G
les pneux
crissent,
le coeur
pompe.
Kenny Loggins, Danger Zone
La jetta
flambette
va,
on va,
trop vite.
On tombe
on frôle
le vide,
le parapet,
la Ville.
C'est fou,
c'est l'fun,
c'est jeune,
c'est trillant.

Le feu, rouge vif.
Des Pins, Peel.
Les LED rondes rouges,
les freins rouges chauds,
le coeur tambourine,
l'effet tunnel,
la réalité qui nous quitte
je veux, la piste!

2e ligne.
Il est devant.
Je fixe, son rétro.
Mes phares, éblouissent ses yeux.
Noisettes
Elle.
Je suis surpris,
je me suis mépris.
Elle soutient mes phares,
du regard, elle me défie.
Ce n'est plus lui.
Vamp, désir
c'est elle!
Tic, tac,
le temps s'égrenne, puis demeure, fixé par son regard, un instant, en suspend.
Le grain de sable accélère, tombe.

L'autre feu, jaune.
Embrayage
Première.
Serre les mains,
serre les dents.
Le feu, vert lime.
Déclutch,
GO!
Wolfmother, Joker and the Thief
Le départ
en pente
on demeure,
sur place.
Ils crient,
strident,
glissent,
tracent.
Deuxième.
Je coupe
à gauche,
j'ai presque
son aile,
à droite.
Elle décolle.
Troisième.
S'enfuie,
les révolutions
dans le rouge.
Je perds,
je la perds.
Trop loin.
La plaque
rapetisse
The Paper Chase, Said The Spider To The Fly
Je lève,
le pied,
je baisse,
la tête.
Vaincu.
Déçu.
Les braises rouges.
Des Pins, Cedar.
Raccourci!
Pédale
au fond.
Quatrième.
Les lampadaires
lignes blanches...
Tourne,
vole,
cascade!
Sur deux roues,
la corde,
la limite,
les pneus,
se taisent,
retiennent
leur souffle.

Côte-des-Neiges.
Je monte,
je la cherche,
la jetta,
elle est-là,
au feu,
rouge.
J'arrête,
1ère ligne.
Côte à côte.
Lance
le regard
Survivor, Eye Of The Tiger
Elle sourit.
Les moteurs
grondent.
Les révolutions
s'embalent.
Beat !

À l'ombre des grands arbres du cimetière Côte-des-Neiges, sur le capot brûlant, on se brûle, en baisant.

SB
E: 26 septembre 2001
RE: 1er juin 2010

... drive safely !

Monday, May 31, 2010

Tourista



La tourista
progresse à petits pas
mais un jour,
elle t'aura!
Et c'est l'estomac,
sous le bras,
que tu iras faire ton tour
là où tu ne sais pas
quand ça finira...

SB
E: 6 juillet 2001 - Équateur.

... C'est un poème de théatre d'été ;-)

Saturday, May 22, 2010

Bonsaï

Un bonsaï déraciné,
de pot en pot transplanté,
sans terre d’accueil où s’implanter.

De ses maîtres il est captif,
entre leurs mains il demeure chétif.

Jamais il n’a pu s’épanouir,
il a même failli mourir,
sans nourriture et sans eau,
à l’étroit dans son petit pot.

SB
E: 22 mai 2000
R: 22 mai 2010

Monday, May 10, 2010

Pétard



Les combinaisons sans secret
sont celles qui écoeurent le plus
les couples de vieux fidèles.

SB
E: 9 mai 2010
8-7-6

Saturday, May 8, 2010

Chocolat



Fonds en moi, onctueuse,
telle une bouchée de chocolat
sur une langue gourmande

SB
5 mai 2010

Sunday, May 2, 2010

Rien



Rien

Rien que la peur

Rien qu’une larme

Rien que la solitude.

Celle que j’aime

Nos rêves

Nos bonheurs

Notre futur

Réduit à rien

Rien que le mal

Rien que le froid

Rien que le noir

Rien


SB
E: 27 septembre 1999
R: 31 mai 2000

Thursday, April 29, 2010

Noir



Soufflée, sa lumière s'est éteinte,
au fond du tunnel, dans son étreinte.

Sans but il cherche, à l'aveuglette,
de petits riens, des allumettes.

Espérant qu'avec une simple étincelle
il puisse s'approcher un peu d'elle.

SB

E: 8 juin 1998
R: 28 avril 2010

Friday, April 2, 2010

Sylvidre



Sylvidre élusive, flottant
parmi les arbres aux troncs flashés,
curieuse, tu essaies de fuir.

SB

E: 10 décembre 2009

Sunday, March 28, 2010

Offrir



Je t'offre le cadeau du passant, l'anonyme qui vient de loin, qui te regarde, belle jusqu'à ce que tes yeux soient, un instant, captifs des miens. Je t'offre le regard, le second, qui marque le désir, celui que je détache du sol, à l'instant où nos épaules se touchent, presque; le regard élusif, difficile à soutenir, un peu gêné, pour les mauvaises raisons. Tant qu'à donner, je t'offre aussi le regard de la dernière chance, celui que je lance en cambrant la tête sans dessus le dos, pour voir s'estomper tes hanches qui dansent, tes jambes qui glissent et tes coutures dentelées, le regards du rythme bas des instincts. L'anonyme s'estompe dans la foule, vapeur d'un bonheur consommé.

SB
E: 26 novembre 2007
R: 28 mars 2010

Le Pire



Pire que l’amour perdu,
pire que la mort soudaine,
la capacité de penser
l’incapacité d’agir.

SB
E: 10 Octobre 1999

Life



Life stinks.
And after you die.


SB & Julie Pinsonneault (Merci!)

Sunday, March 14, 2010

L'art



L’art est une façon correcte d’être incompris

SB
E: 24 Septembre 2000

Saturday, March 6, 2010

Des rouges, oranges et roses vifs



Des Rouges, Oranges et roses
Vifs
dans de petites cases, suspendues.
Les bruits, la foule, la fête, la vie,
les amis.
Les éclats de couleurs safran
les éclats d'écho de rires.
Sur le bar les amuses gueules,
épicés, surprenant, bondissent
des formes connues,
des goûts attendus.
Derrière les frites
le liquide rosé, la liqueur, interdite.
Les fruits rouges, le regard bleu perçant,
le geste et la bouche attentifs
nous font basculer dans l'univers
de la cardamone.
Mangalore, tu nous tiens.
Des yeux ont te déshabille,
des papilles ont t'explore, saveur vanille,
plonge en toi, et toi en moi.

SB
E 12 mai 2006
R 1er mars 2010

Sunday, February 28, 2010

sexprimer

Connaissant ce que je dois exprimer,
j’ai très peur de perdre cette douce réalité
qui commence à peine à m’entourer.

SB
E: 17 juillet 99


ABAABAAAAABAABAAABBBAABAABAAAAABAAAABBAAAABAAABABBABBABABBAAAAABBABBABBAAAAAAAABABAAAAABAAABBAAABBABBAABBABAAABAABAAABAAABABAABABAAABAAABABBAABAAABBAABAABABAABAAABAAABABAABABAAABAAABABBAABAAABBAABAABABAAABAAAAAABBAABAAABABABBABBABBABBAAABAAABBAABAAAB

Bref



C'est lorsqu'on se croit enfin maître de sa
destinée
que le grand pendule nous frappe ...
pour que nous reprenions notre mouvement
de balancier.

SB
E: 7 novembre 1997

Friday, February 19, 2010

Victoria

NDL: ... véçu !


Aussitôt en mer, je me suis élancé à la poupe pour saisir du regard les cristaux étincelants que le soleil jetait dans le sillage et pour laisser l'air salin festoyer dans mes cheveux. J'avais 14 ans. La tête pleine de rêves, mon regard glissait sur les pentes verdoyantes de l'île que nous quittions qui se retirait peu à peu derrière une autre île de l'archipel que nous traversions. Je me plaisais à regarder le paysage s'effacer dans le sillage du navire qui nous ramenait au continent. L'écume blanche, agitée, pleine de vie s'animait en tumultueux vortex qui traçaient le passage du navire en s'élargissant vers l'horizon.

La beauté du moment m'enivre. Le vent s'essoufflant peu à peu fait lentement place au crépuscule. L'air fraîchit puis change de sens pour marquer le pas de l'exil du soleil. Le roi déchu sous les ardeurs redoublées de ses sujets traverse les dernières couches nuageuses pour saluer une dernière fois la foule avant de partir, expatrié. Qu'il est majestueux et brillant. Cependant, lorsque ses rayons rougeoyant viennent allumer les Rocheuses, c'est son public qui est transporté sous les feux de la rampe.

Le navire aussi assiste au spectacle. Voguant tranquillement sur les flots endormis, mon traversier semble s'arrêter pour permettre à mon coeur d'enfant de battre en cadence avec ces derniers applaudissements. Mes yeux agrandis par l'émerveillement, éblouis par la longue traîne dorée qui s'ébat dans le sillage du navire, se ferment. Je me retourne et embrasse du regard les pics escarpés, oranges, qui pointent au ciel en ovation debout devant la richesse et la qualité de la prestation qui leur est offerte. Mes paupières se ferment, les rideaux se baissent, la tranquillité et la sérénité de la nuit sur l'océan s'emparent de moi.

Lorsque j'ouvre enfin les yeux, un spectacle tout aussi ravissant et charmant m'est offert. Deux grands yeux d'un brun profond sont tournés vers moi. Calmes et sensuels ils ébranlent mon coeur. Ils sont posés sur moi, fixes. Mon regard est obnubilé par le scintillement de ces joyaux. Sur ces toiles peintes par un très grand maître, je vois briller les éclats orangés du soleil couchant. Ces deux tableaux je m'en suis épris dès ce moment. Un léger mouvement de ses fenêtres sur notre intérieur me rappelle que tout est bien réel, me rappelle où je suis. Une grande timidité se répand alors dans mon esprit. Le choc est si fort, la surprise si soudaine et la beauté si grande que je ne puis continuer de la regarder. C'est plus fort que moi, je me sens indécent. Je détourne le regard.

C'est alors que m'assaillent une horde de questions, d'empêchements, d'obstacles à franchir qui gênent la passion naissante. Je me rends compte que je suis à l'autre bout du pays, que je ne parle assurément pas sa langue. Comment faire ? Lentement, comme si un second regard avait pu me tuer, je tourne lentement ma tête. Je parcours du regard l'horizon parsemé d'îles aux forêts protégées puis pose mon regard une seconde fois sur elle. En fait, cette seconde fois je faillis me noyer dans la pureté de ses joyaux.

Je me trouve voyeur... puis,... ridicule. Je suis appuyé sur le bastingage à l'extrémité arrière du navire. Elle est à ma gauche, à quelques pas. Mais tout un monde nous sépare. Je suis voyeur puisque j'ai osé soutenir son regard pendant un court instant. J'ai osé pénétrer dans son esprit pour y découvrir qu'elle était douce et sensible. Plus que sensible, j'y ai vu qu'elle était délicate. À la façon dont elle a fermé les yeux, doucement, sensuellement, il ne peut en être autrement.

Cette beauté m'attire, je dois revoir ces yeux mais la pudeur m'en empêche. Je sens son regard posé sur moi. C'est là que je me sentis ridicule. Comment puis-je même penser que son regard s'attarde sur moi ? Je ne suis qu'un maigre et chétif petit garçon. De toute façon elle est sûrement déjà partie. Le bruit du vent nous isole chacun dans nos bulles sur le pont. Je me risque, je tourne un peu le cou, penche un peu ma tête pour voir sans être vu, pour que mes mouvements soient imperceptibles. Lentement, sournoisement comme un félin guettant sa proie, mes yeux quittent l'océan, glissent sur la rampe, la suivent vers la gauche jusqu'à ce que j'aperçoive son bras. Il est si mince, si frêle, si blanc, si délicat, ... si beau. Je lève lentement les yeux. Mon regard glisse sur son coude, finement ciselé; s'attarde sur son épaule, patiemment modelée; s'envole sur son cou, habilement travaillé; s'emballe sur son oreille, lentement façonnée; s'émerveille sur sa joue, longuement poncée. Sa beauté me pétrifie. Son divin regard posé sur moi, sa tête inclinée, ses cheveux courts, droits, d'un noir profond, m'interdisent tout mouvement. Je ne puis qu'apprécier, qu'aimer. Mais qu'est-ce que l'amour à 14 ans où tout se vit si intensément ? C'est un coup de foudre assurément. L'instant est bref mais tellement intense. C'est l'une de ces conversations du regard, muettes mais qui disent tant. C'est elle qui se défile cette fois. Lorsqu'elle se détourne je comprends qu'elle partage les mêmes sentiments que moi, la même gêne, la même peur du rejet.

Durant les quelques secondes de répits que m'offrent ses étincelles de vie je laisse mon regard glisser, avec tout le respect qu'une princesse mérite, sur elle. Elle est frêle, menue, toute jeune, comme moi. La finesse de son corps s'harmonise parfaitement avec la délicatesse de ses yeux. La crainte qu'elle me surprenne à l'observer et qu'elle croit que je lui manque de respect me fait tourner la tête vers le large, le couchant. Il a perdu bien du panache le roi du ciel. À demi enfoncé dans l'eau il reste bien peu de sa puissante clarté. Il sait toutefois nous émerveiller en lançant au ciel, sur les nuages et sur l'eau toute sa palette de couleurs. Comme un peu timide il rougit, sensible aux beautés qui l'entoure. Mais mon vrai soleil est ailleurs, tout près de moi. J'ai si peur de faire un impair, que ce doux rêve s'évanouisse. Je suis si jeune, sans moyens, sans expérience. Mes idées confuses s'entrechoquent et aucune ne semble vouloir guider mes premiers pas. Que puis-je lui articuler que mon regard ne saurait mieux transmettre ?

Elle est d'une autre culture, d'un autre coin du monde. Je tourne délicatement la tête, sans me cacher cette fois. Mes yeux balayent l'horizon et nos regards se croisent encore. En même temps, cette fois, nous avons cherché contact avec l'autre. L'allégresse nous envahit, la crainte aussi. Faire durer cet instant semble une entreprise impossible. Cette peur des premiers pas me semble aujourd'hui ridicule, mais l'amour à cette époque avait raison de mes moyens. Mes pieds étaient figés, mes bras, mon corps, si lourd. Seule ma tête pouvait tourner, seul mes yeux pouvaient crier.

Un bruit sourd me sortit de ma torpeur. Le traversier arrivait au port. Une voix forte mit fin à l'enchantement. "Viens, Sébastien, nous devons retourner à la voiture !" Mon regard pour la première fois passa rapidement dans le sien avant que je regarde ma mère. Debout dans l'ouverture de la porte, elle me signifiait que le temps pressait. Mécaniquement, je me mis en marche. Mon cerveau, tout bouleversé encore de la fin abrupte du rêve, était servile. Sans trop comprendre pourquoi je me suis avancé vers la porte et je l'ai franchie sans regarder en arrière.

Une fois à l'intérieur, suivant ma mère, toute la scène repassa dans ma tête. Ce rêve, cet heureux moment, morceau de paradis se faisait déjà loin. Un nuage gris obscurcissait mon regard. Dépité de n'avoir rien pu faire, de n'avoir pu m'abreuver une dernière fois dans son regard, un profond regret, une amère tristesse se répandit dans mon esprit. Je marchais comme une machine, l'esprit loin du corps, les yeux vagues, sans vie... rêvant encore... lorsque je la revis. Au travers de la fenêtre, parmi le flot de passager regagnant leur voiture je la vis, entourée, elle aussi, de ses parents. L'urgence du moment, l'espoir d'un dernier regard s'empara de moi.

Mon esprit se connecta à mon corps injecté d'adrénaline et, tout fébrile, aimant, je me suis élancé vers la fenêtre comme pour lui souhaiter un dernier "au revoir", celui que j'aurais dû lui adresser en quittant le pont. Je me suis arrêté face à la glace puis de la main je l'ai frappé jusqu'à ce que les bruits attirent son attention. Nous avons uni nos regards... tant fut dit en un si court instant. Mon corps figé se nourrissait de l'éclat de ses yeux en amande. Ma main, mécanique, oscillant de gauche à droite, ouverte... pantois. Une foule de gens coupa notre regard... Le coeur battant, cherchant une éclaircie, je m'impatientais. Je voulais, je désirais tant la revoir... une éclaircie... vite... ma mère revenait sur ses pas, me chercher. Elle m'interpellait... que faire ? Je pus enfin voir le pont... elle n'y était plus. J'ai regardé à gauche,... personne. À droite... elle y était. Elle courait. Je n'étais pas pour rater cette occasion. Dussé-je passer sur ma mère! Je me suis élancé, je me suis faufilé entre les serres de ma mère... et j'ai couru.

Au fond de la grande pièce, un grand corridor avec des escaliers partant dans tous les sens permettait de rejoindre les divers niveaux du bateau. Regardant à gauche, à droite, en haut, en bas, je cherchais frénétiquement un éclat qui puisse me montrer le chemin de ses yeux. J'ai regardé derrière moi, ma mère s'en venait, à toute allure. J'étais sur le bon chemin mais elle allait me saisir dans ses tentacules et m'emmener loin de mon rêve, de mes espoirs, dans l'enfer puant où était notre voiture. Sortie de nulle part, au moment où ma mère saisissait ma main, au moment où je n'y croyais plus, ma jeune flamme me fit face, tout près de moi, à la portée du coeur. Entraîné par ma mère qui n'était pas témoin de la scène, je me sentais tiré par le Maelström vers une mort atroce du coeur.

Elle s'avança, plongea ses yeux dans les miens, sans peur, si confiants. La mer s'apaisa; l'accalmie se fit; le soleil surgit d'entre les nuages. La paix et la sérénité revinrent. Face à face, les mots que nous ne pouvions exprimer circulaient dans notre regard, son visage s'inscrivait, indélébile dans ma mémoire. Elle leva le bras et sa main délicate glissa doucement sur ma joue. Tout en soutenant mon regard elle laissa sa main parcourir le côté de mon visage, toucher mon coeur. Puis elle disparut. Le noir se fit... Le Maelström gagnait. Hypnotisé, je suivis son regard aussi longtemps que je le pus. Un sourire, un clin d'oeil scellèrent le moment pour l'éternité. Je venais de goûter l'amour. Un amour pur, intense, éphémère.

Lorsque je sortis de mon engourdissement nous faisions route. Le roi du ciel avait cédé sa place à une multitude d'acteurs se disputant le ciel noir. Les Rocheuses, public endormi, étaient à peine visibles. Cependant, même dans l'ombre, la magnificence de ces géants endormis plaisait aux yeux. C'est comme cette expérience. Après toutes ces années, malgré l'ombre du temps, le moment se savoure toujours.

SB:
E: 16 mars 1998

Thursday, February 11, 2010

Noir, gris et argent

Dès qu'on me serre la tête

comme le sable pressé
dans le poing,
je fluide par toutes
les interstices,
les petits replis d'entre les doigts,
d'entre les trous de peau.

Je cours cogner à la porte
des jupons de cette vieille nonne
à travers qui je pourrai
raconter tout haut
et des grains beiges m'extirper.

Alors elle beugle pour moi
déchirant le mur du son,
le mur des non-dits,
avec pour seule arme, sa tunique,
noire;
son gilet de laine tricoté,
gris
et le seul dentier qu'il lui reste,
celui d'en haut, serti de sa dent
argent.

Derrière elle dès lors
je me sens braveux
qui porte son coffre volumineux
avec ses mains campées
dans le renflement de ses hanches,
adipeuses.

Je peux tout dire
alors qu'elle crisse
et que les droitures décrissent
fuyant sans regarder derrière,
comme un gamin, terrorisé.

Ses paroles marquent
elles portent au visage
comme l'odeur des postillons
ou la couleur du sang,
noir, indélébile.



SB
E: 2010-02-10

Sunday, January 24, 2010

Acceptable?

Désirer la sœur de celle d’hier
Danser avec elle à s’en exploser les hormones
Ne pas se toucher par crainte de flamber
Qu’est-ce qui est juste et bon?
De lui rendre grâce…
Où commence et où s’arrête la zone grise
à l’intérieur de laquelle on peut jouer?

De cette défendue zone est né
une complicité instantanée
faite de clins d’oeil dissimulés,
bâtie sur des rires partagés,
des regards descriptifs et abusifs
qu’on avait peine à contrôler.

Une prunelle et des yeux si vifs
que je me plaisais à en être prisonnier.
Sans issues faciles, à sa merci.
Son insistance me déroutait,
mes lèvres hésitaient,
mes doigts tremblaient,
mon regard s’aiguisait,
et mon âme s’enfonçait.

Prendre sa nuque dans ma main,
glisser mes doigts dans ses cheveux fins,
me plonger dans son regard, divin,
laisser ma langue la fouiller jusqu’au lendemain,
mon corps la prendre jusqu’au petit matin,
mes hanches la balancer sur le bord du bain.

Sans un mot, sans un cri
mais tout de suite, à tout prix.
Rythmant la danse,
s’échauffant en silence,
coupable mais satisfaits,
à grand coups ils baisaient.

Du préjudice fait à chacun
ils expieraient lorsque défunts.
Du remord partagé,
du secret scellé,

du sceau de la vie marqué.
D’elle je vais me rappeler
sa sueur, sexuelle.

Nous devons taire nos âmes
pour que s’éteigne la flamme
de nos prunelle.

SB
E: 97

Sunday, January 17, 2010

Cling

J’ai donné aux deux
Les jeunes, beaux, propres.
Lui à la contrebasse,
Elle au violon;
Et je suis passé
Sans regarder
Celui qui essayait
De souffler des notes
Dans une flute secouée
Par ses mains agitées.
Tout recroquevillé
sur sa petite chaise
aux genoux pliés
pour tenir la partition
sous ses coudes
et éviter
qu’au vent, plastifiée,
elle ne soit égarée.

SB.
E: 1er mai 2003 - Pologne - Warsaw
R: 18 juin 2010

Saturday, January 9, 2010

Musikverein - Goldener Saal




Ce soir,

j'ai vu un violon pleurer,
une flûte traversière trépigner et
un bosquet d'archets trembler.

J'ai touché l'eau du fleuve descendant des haut-bois.

Il y avait,
un percussionniste, toujours grasset, fracassant ses maillets sur les tambours;
une foule frappant, sous les bois, la cadence de la cavalerie;
une fête champêtre de notes dansant en ronde dans mes lobes.

Le tout sous les reflets dorés de cristaux illuminés se jettant dans mes yeux tout grands, émerveillés.

C'était la cacophonie?

Non!

La symphonie!

SB
E: 21 mai 2003