Sunday, May 17, 2009

La goutte



À l’aube,
issue d’une fine rosée venue du côté du Soleil levant,
une délicate gouttelette d’eau se laisse glisser sur la rose.
Confortablement enfouie au creux du pétale,
les premiers effluves de vie la submerge
lorsque les éternels traits lumineux l’enveloppent.

Tout doucement,
la goutte d’eau se retire de son lit soyeux et délicat.
S’agglomérant elle prend forme et laisse s’exprimer,
dans toute leur magnificence,
des rouges, des verts, des jaunes et des bleus à sa surface.
Cette goutte fluide,
translucide comme un souffle d’éther,
qui scintille sous les premiers rayons du Soleil
glisse sur le doux velours.

Courbant l’espace, le temps,
la goutte transparente glisse,
lentement,
s’arrête.
Elle épouse le pétale pour ne former plus qu’un.
La rose peut dès lors apprécier la douceur et
la délicatesse de cette passante.
La fraîcheur qui en émane l’enivre,
le monde prend soudainement des teintes inexplorées.
Dans une symbiose parfaite
ils échangent les éléments essentiels à la vie.
Mais le temps est venu.
Elle se met en marche,
lentement,
embrassant et irriguant de son corps,
de son être,
les vaisseaux nourriciers de l’hôte.
Doucement elle glisse,
courbant le pétale sous son passage,
demeure suspendue,
belle pour une portion d’éternité...
tombe.

Il se résigne,
sachant que si cette parcelle de vie
illuminée d’arc-en-ciel est confinée,
elle mourra.
Il ne peut qu’espérer
recevoir la grande voyageuse en lui
dans un futur lendemain.

Sébastien
E: 5 février 1996

1 comment:

  1. Un peu de répit dans cette journée de travail (qui n'est pas supposée en être une).
    Sans contredit, un de mes préférés... Si on s'adresse à la fille en moi bien sûr :o)

    ReplyDelete